Incertitude

Définition d'incertitude. L’incertitude peut traduire plusieurs situations possibles et non exclusives. Par exemple :
- L’individu manque d’informations. La solution serait d’en rechercher de nouvelles.
- L’individu est submergé par trop d’informations. La solution serait de cibler et de sélectionner davantage les informations.
- Les informations disponibles sont ambiguës. La solution serait plutôt dans l’interprétation collective de l’information.

Les auteurs parlent d’ « incertitude perçue » plutôt que d’incertitude objective. Or une perception n’est pas une donnée mais un construit de la part de l’individu, même s’il n’en a pas totalement conscience. Et parmi les éléments de cette construction figurent les connaissances ainsi que les informations dont il dispose à un moment donné. C’est pourquoi certains auteurs précisent « Incertitude informationnellement perçue » pour souligner le rôle très important que joue l’information dont on dispose et la façon dont on l’utilise dans la perception de l’incertitude. Ceci est valable pour les responsables d’entreprise. Plusieurs auteurs ont indiqués que plus grande est l’incertitude perçue et plus grande est la recherche d’informations sur l’environnement.

Dire qu’un responsable d’entreprise est dans l’incertitude signifie qu’il est plutôt dans la situation suivante, à savoir qu’il dispose d’informations ayant les caractéristiques suivantes. Elles sont souvent fragmentaires, et/ou incomplètes, et/ou imprécises, et/ou incertaines (c’est-à-dire d’une fiabilité non prouvée), ambiguës, de fiabilité fragile.

Parmi ces informations se trouvent peut-être des signaux faibles (« weak signals »). De telles caractéristiques des informations jouent un rôle central dans la méthode L.E.SCAnning, notamment dans les étapes de « Création collective de sens » et « Sélection des informations ».

De plus :
a) L’utilité, la pertinence ou encore la valeur d’un fragment d’information nouvelle n’est pas immédiatement perceptible. La perception de l’utilité demande un effort de réflexion et même d’imagination ou de créativité. Encore faut-il que se produise un déclic préalable inducteur de réflexion.
b) De même, le lien d’une information nouvelle avec d’autres informations n’est pas toujours immédiatement perceptible. La perception de liens requiert une réflexion, une interprétation et un esprit créatif. Un tel esprit peut être stimulé par une formation appropriée.

L’incertitude perçue dépend à la fois des caractéristiques de la situation dans laquelle se trouve l’individu, ainsi que des informations d’une part et des connaissances d’a

utre part dont il dispose à un moment donné, et des caractéristiques cognitives de l’individu lui-même. Au sujet de ce dernier point on parle du style cognitif de l’individu.

De l’incertitude vers la nécessité de la création collective de sens.
Des auteurs auxquels nous nous référons (Daft et Weick par exemple) partent du degré d’incertitude de l’environnement de l’entreprise (analyzable/unanalyzable) pour en inférer que :
- Les informations à collecter sur l’environnement ont certaines caractéristiques telle l’ambiguïté. Les informations (les signes) captées sur l’environnement sont souvent ambiguës. Des auteurs (Daft et Lengel notamment) en tirent la conséquence que tout support n’est pas forcément approprié pour véhiculer des informations ayant certaines caractéristiques (l’ambiguïté, par exemple). Les caractéristiques des informations (information richness) doivent être en accord avec les caractéristiques des supports utilisés (media richness). 
- Les traitements pouvant être opérés sur ces informations sont du type « interpretation ». Lorsque l’environnement est incertain, l’interprétation peut être décrite comme une opération de construction, de création, de façonnage, d’invention, d’intuition. Dans ce cas on dispose de très peu de règles formalisées pour traiter les informations. La question devient alors : création de la part de qui ? et comment ?

D’autres auteurs (dont March et Feldmann auxquels nous nous référons) précisent que, dans un contexte d’incertitude, les traitements effectués sur les informations sont plutôt du type inductif que du type déductif. Rappelons que :
Inductif signifie qui procède par induction, qui résulte d’une induction. L’induction est une opération mentale qui consiste à remonter des faits à la loi, de cas particuliers à une proposition plus générale. Exemple : l’entreprise recueille et explore des informations sans idées préalables bien arrêtées, mais dans l’idée de découvrir peut-être quelque chose d’intéressant pour elle. On peut considérer qu’elle sonde, explore son environnement pour y découvrir des surprises, ou bien pour être rassurée par l’absence de surprise. (On trouvera un exemple dans la publication «Lesca et Bruneau» sur notre site Web).
Déductif signifie conclure, décider ou trouver quelque chose par un raisonnement, à titre de conséquence. (Étymologie : latin deducere « faire descendre »). Exemple : l’entreprise cherche des informations dans le but de choisir entre des options, selon des préférences préalables. Elle se pose des questions précises et cherche une réponse précise. Elle sait quelle zone délimitée de l’environnement scruter pour trouver les informations. 
Selon ces auteurs, les processus managériaux concernant les décisions à caractère stratégique sont plus inductifs que déductifs.

Conséquence : il ne faut donc guère s’attendre à utiliser des logiciels providentiels qui seraient disponibles sur le marché pour effectuer des traitements inductifs. En revanche le recours à l’Intelligence Collective est bien approprié, au moins sous certaines conditions.